Comme à mon habitude, je vous donne le récit de la course du 4 féminin, telle que je l'ai perçue depuis mon poste de barreur.
(et désolé pour le pavé!)

Nous présentions 2 équipages de 4 féminin à ces championnats de France.

Notons que seul Cassis en a fait autant cette anée.
En début de saison, nous pensions même pouvoir être le premier club à présenter 3 quatre féminin aux France. Mais les contraintes d'engagement personnel et de disponibilités sont fortes et toutes ne peuvent pas se lancer dans l'aventure.
Autre particularité: nos deux équipages sont de niveau identique. Ce qui est rare, souvent les clubs on un équipage fort et l'autre un peu moins. Bien que de profils différents, les 2 bateaux vont à la même vitesse en course. Nos n'arrivons pas à nous doubler ou à nous distancer!

Nous arrivons jeudi, la mer est démontée (avis de grand frais). Les entrainements sont interdits.
Vendredi, les séries des gars ont bien lieu (il n'y en avait pas chez les filles). A la suite, les entrainements sont possibles. Nous réalisons une petite sortie dans une mer très agitée.
Samedi, finale prévue à 14h. Les courses sont avancées à 12h puis remises à 14h30 puis annulées pour la journée. La mer était forte mais ce sont surtout les rouleaux sur la plage qui rendaient l'embarquement dangereux. Les finales sont reportées à dimanche. Et là, changement d'ambiance, la mer est calme à peu agitée. Alors que tout le monde débattait de comment ramer dans les grosses vagues, on revient sur une mer peu agitée!

Cette fois c'est parti pour la course. On se met à l'eau et première frayeur, le bateau comité affiche déjà 2 boules, signe de la procédure de 3 minutes. On est pourtant à 10 min de l'heure officielle. Tous juste réglés, nous ramons vers le départ. Il n'y a plus qu'une boule, signe de la minute. On prêt à bondir sur la ligne, mais rien ne se passe. En fait, les arbitres faisaient juste un essai ... pas malin.
Viens alors la vraie procédure. La première boule monte, je prends le chrono, je suis surpris toutefois que le klaxon ne soit lancé qu'à la fin de la mise en place de la seconde boule, 22" plus tard. La minute intervient à un moment inattendu. Bref je n'ai pas vraiment de chrono.
Mais c'est pareil à côté, c'est donc globalement un départ arrêté pour tout le monde au moment du "go".
Nous sommes dans le peloton tête, à une longueur.
Je vois une rame flotter à bâbord, c'est Tregunc qui avait mal serré une dame de nage et a dû la perdre sur une touchette. Les "gros" équipages creusent doucement leur avance, Pornic est en bord à bord, mais nous passe. Puis c'est le second équipage du club qui se trouve sur notre bâbord.
Nous arrivons toutefois à contenir leur remontée et à les tenir à 1 longueur.

Petite relance 3 coups avant la bouée, ce qui nous permet de virer rapidement sans forcer à tribord.
Second bord, les positions ne bougent pas, nous sommes 7 et 8.
Arrive la seconde bouée. Elle est sensée être une légère correction sur la direction. Mais les équipages de tête virent fort. A ce moment, il pleut, la mer est grise comme le ciel, bref on voit presque rien. Les équipages de têtes font route trop vers la plage ... droit sur la ligne d'arrivée ... alors qu'il reste 2 bouées!
De mon côté je reste au large. C'est aussi l'option de Pornic et du second équipage REC qui ne s'éloigne pas de nous. Et puis d'un coup la bouée est visible. Elle était couchée, très difficile à voir par ce temps. Pornic aussi corrige le cap. Et les équipages de têtes se rendent compte de leur erreur et tournent à tribord toute pour foncer sur la bouée.

A ce moment, on réalise que Pornic devient 1er et le REC est ... 2ième et 3ième.
Volontairement, je ne l'annonce pas à mes rameuses, mais seulement qu'il y a un gros coup à jouer. L'avant dernière bouée est virée dans cet ordre, mais ça revient fort. Le CA Marseille double l'autre équipage du REC (toujours juste derrière nous). Puis nous rattrape par bâbord.
Voyant que la (dernière) bouée est trop proche. Marseille décide de partir doubler sur tribord. Il fauche notre pointe arrière et nous met en travers.
On se retrouve à 90° derrière la bouée. Sans vitesse, nous ramons bâbord pour corriger le cap de 90°, puis immédiatement tribord sur 90° pour virer [dans] la bouée.
Le CA Marseille, l'autre équipage du REC et Nantes nous ont passé. Thonons arrive aussi à fond à la bouée, ça touche mais pas de casse.
La relance est alors terrible car il faut repartir suite à l'effort coupé net.
Il reste 500m.
Thonons est en bord à bord mais se détache. Derrière un autre bateau marseillais (d'un autre club) nous rattrape longueur après longueur. Et là l'équipage retrouve le rythme et donne tout.
On resiste mais Marseille remonte, 2 longueurs, 1 longueur, 1/2 longueur ...
Dans une dernière série, nous conserverons 2s et la 6ième place.
Devant l'autre équipage du REC s'est fait dépassé par Nantes mais a tenu au retour de Thonons.

Ce n'est qu'après coup que j'explique aux filles qu'avant l'accrochage, nous étions 2ième.
Quant à l'accrochage, la réclamation ne donne rien. L'arbitre à la bouée n'a rien vu.
En clair, c'est la politique du "pas vu pas pris". Le jury s'est basé sur le relevé GPS (en gros 1 point toutes les 20s) pour juger une obstruction qui se joue en moins de 10s. Ma route étant très légèrement courbée depuis la bouée d'avant, on considère que j'ai pas tenu mon cap. La prochaine fois je passe le permis hauturier et je calcule ma correction de cap fonction du courant, des vagues et de la longueur de la barre???

Quoiqu'il en soit, cela fait parti de l'aviron de mer. Tout comme l'erreur de direction des favoris.
Cap, vague, vent ... font parti du jeu.
Notre 6ième place est une performance, comme la 4ième de l'autre équipage.
Je doute que beaucoup de club aient fait aussi bien au cumul de 2 équipages.

Les_rennaises

Et bien, avec tout ça, ne me dites pas vous n'avez pas envie d'aller à Lorient pour les championnats 2012 !